L’hiver, le soir venu apportait le temps de la veillée. La mère ou la grand-mère autour du foyer transportaient les enfants de la maisonnée  à  travers maintes histoires où se côtoyaient l’ogresse (TERYEL), le bon, le méchant (AWARZNIW), les animaux…(Irersiwen)  qui leur apprenaient d’une manière ludique certaines règles de la vie, une certaine morale, un mode de vie, des leçons  et des morales à tirer de ces contes.

9782878334272

La femme qui contait, savait faire vivre son histoire par les intonations de sa voix et ses gestes et ainsi suspendait à ses lèvres son jeune auditoire. C’est aussi une  façon de transmettre la langue kabyle, les traditions, les coutumes et les légendes. Comme l’évoque Idir dans sa chanson «  a babaInuba» : les enfants auprès de la vieille s’instruisaient des choses d’antan.

Le mot vieille en Afrique n’a pas la même connotation que chez nous, derrière le mot vieille  c’est le respect, l’attention, le savoir, l’expérience, la sagesse. La parole des anciens est référence. D’ailleurs il est une citation bien connue, issue du continent africain : «  un vieux qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle »

La conteuse s’installait  près du Kanun, les enfants étaient près d’elle  sur un tapis de laine  fait maison, dont le métier à tisser n’était guère loin de là où se déroulait le rituel du conte.

« La formule magique » est lancée et le conte peut commencer.

La vie des femmes kabyles étaient rythmées par diverses croyances et superstitions. Dans le domaine du conte, il est un rituel de  prononcer une phrase qui annonce le début du conte pour expulser les puissances surnaturelles et de le conclure par une autre phrase «  magique »  pour quitter le domaine du conte.

A noter que les contes ne sont racontés que l’hiver à la tombée de la nuit, jamais le jour. Cela fait partie des croyances et superstitions des femmes kabyles.

Le temps des veillées se perd peu à peu avec la télévision, les jeux sur consoles… et les histoires sont du temps passé, la société évolue. Mais comme on dit il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va.   Cependant les parents ou enfants lisent ou écoutent  les contes sur d’autres supports

Phrases formules  d’introduction du conte :

« A macaho, tellem chao ! » « que mon conte soit beau et se déroule comme un long fil » «  Que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un fil !»

«  Machaho, tellem chao ! Que mon conte merveilleux soit beau et narré comme une longue ceinture très bien tissée ! (référence aux ceintures de laine que portent les femmes kabyles sur leurs robes)

Phrases formules de la fin  du conte :

« Mon conte est comme un ruiseau, je l’ai conté à des Seigneurs »

«  Mon conte merveilleux court de rivière en rivière, je l’ai raconté  à des enfants, que Dieu maudisse le chacal et nous bénisse »

Lire l’article depuis sa source

(Visited 2 057 times, 1 visits today)